Définition 

 

Selon le site service-public.fr "l'expression violences conjugales désigne l'ensemble des violences (physiques, sexuelles, psychologiques, verbales, administrative et économiques) commises au sein du couple par le conjoint [ou ex-conjoint], le ou la partenaire de Pacs ou d'union libre. Les violences conjugales sont punies par la loi et vous devez porter plainte si vous en êtes victime. Vous pouvez aussi demander l'aide à des associations et à des organismes publics."

Les formes de violences

Le violentomètre

 

  • Violence psychologique. C’est un ensemble de comportements, de paroles, d’actes et de gestes qui vise à porter atteinte à l’intégrité psychique ou mentale de l’autre. Ces violences s’attaquent directement à l’identité, l’estime de soi et la confiance en soi de la personne qui les subit.

 

  • Violence verbale. La plus fréquente, elle est étroitement liée à la violence psychologique. L’auteur·e utilise sa voix comme une arme, soit par les propos tenus, soit par le ton utilisé.

 

  • Violence physique. Tout acte entraînant des dommages corporels ou risquant d’en entraîner, que l’auteur·e use de sa propre force physique ou bien d’objets externes afin de soumettre la victime à son pouvoir. Il·Elle peut aussi ne pas porter assistance à la victime en danger, ou encore aller jusqu’à l’homicide.

 

  • Violence sexuelle.  On entend par violence sexuelle tout acte sexuel, tentative d’obtenir un acte sexuel, tout commentaire ou avance de nature sexuelle visant à imposer son propre désir à autrui, sans son consentement.

 

  • Violence économique.  Tout acte entraînant une dépendance financière/matérielle ou une précarisation de la victime, encourageant ainsi son isolement. Il arrive aussi que l’auteur·e contracte des dettes ou abuse des ressources financières de la victime.

 

  • Violence administrative. Proche de la violence économique, elle représente tout acte de rétention administrative, privation de document ou pièce d'identité, alimentant la vulnérabilité et l'isolement de la personne victime.

 

  • La violence sexospécifique. Chaque société établit des règles spécifiques pour ses membres selon qu’ils soient de sexe féminin ou masculin. Ces représentations et pratiques induisent une asymétrie de pouvoir entre les genres, les hommes occupant la position dominante, tant dans le domaine privé que public. On entend donc par violence sexospécifique (ou violence sexiste) tout acte perpétré contre la volonté d’une personne et résultant de sa spécificité biologique en tant qu’être sexué (féminin ou masculin).

 

Le cycle des violences - en 4 étapes

Le cycle de la violence conjugale tente de dégager les processus répétitifs liés à la violence entre partenaires. Ce modèle explique en partie comment la victime est amenée à rester/retourner avec l’auteur.e malgré ce qu’elle subit dans la relation.

 

Phase 1 : Le climat de tension

  • Du côté de l’auteur.e : tensions initiées par la personne violente à travers divers signaux (silence lourd, regard menaçant, irritation, augmentation des conflits, impatience de plus en plus présente, mise en avant des erreurs…).
  • Du côté de la victime: tentatives d’apaiser le climat de tension, de faire diminuer la pression. Elle doute d’elle-même et de ses capacités, elle craint de contrarier son.sa partenaire.

Phase 2 : L’explosion

  • Du côté de l’auteur.e : passage à l’acte en usant de comportements violents (verbaux, physiques, psychologiques, économiques, sexuels…) avec ou sans aide d’objets afin de libérer la tension qu’il.elle ressent.
  • Du côté de la victime : sentiments de peur, de honte, d’humiliation, d’injustice, de tristesse, de désespoir… Elle est désemparée.

Phase 3 : Les justifications

  • Du côté de l’auteur.e : discours visant à le.la déresponsabiliser de ses actes. Il.elle se justifie de diverses manières (minimisation, renvoi vers l’extérieur – « Tu n’avais pas à… », « C’est toi qui m’as mis.e à bout », « Je suis trop sensible »…)
  • Du côté de la victime : elle doute de ses propres perceptions et accepte les justifications de l’auteur.e. Elle se remet elle-même en question, se sentant responsable de la violence subie. Elle croit que si elle change de comportement, la violence cessera. Elle peut aussi vouloir aider l’auteur.e à changer.

Phase 4 : La lune de miel

  • Du côté de l’auteur.e : il.elle se calme et exprime ses regrets. Il.elle fait des promesses et des cadeaux visant à se réconcilier avec la victime, ou bien il.elle tente de la culpabiliser en menaçant de se faire du mal (« Je vais aller voir un psy », « C’est la dernière fois » « Je vais me suicider si tu pars »…). Souvent, le contexte de rencontre du couple sera évoqué afin d’appuyer le lien privilégié existant entre les deux partenaires.
  • Du côté de la victime : le calme retrouvé l’apaise, elle espère un changement ou que les choses redeviennent comme avant, donc elle donne une chance (supplémentaire) au.à la partenaire. Elle peut aussi le.la soutenir, ou bien changer ses propres habitudes pour répondre à ses attentes.

 

L'emprise

Selon Liliane Daligand, psychiatre et présidente de l'association VIFFIL, la plupart des victimes insistent sur la rencontre initiale avec un homme charmant, attentionné, séduisant. Cette phase de séduction permet l’attachement piégeant les victimes dans la relation. Peu à peu, les violences prennent une place centrale dans l’espace intime. L’isolement se fait progressivement, avec la volonté d’un lien exclusif, d’un contrôle insidieux, s’accompagnant de la négation de l’autonomie, l’interdiction et/ou la surveillance des contacts avec les proches, la limitation des échanges, la surveillance des allées et venues pouvant aller jusqu’à l’enfermement, la limitation de l’accès au travail, aux études, au compte bancaire, le contrôle de l’information. Un événement peut faire basculer la relation : l’annonce d’une grossesse, un emménagement, un mariage, la naissance d’un premier enfant.

Le rapport devient totalement inégal entre victime et agresseur. La domination s’installe, la victime est considérée comme propriété du conjoint violent. Elle est mise en dépendance, en appartenance, elle doit s’adapter, se conformer aux besoins de l’auteur, à ses injonctions. Le contrôle coercitif se fait par les intimidations, les violences, la terreur avec le vécu constant d’insécurité et la peur d’être tuée.

https://doi.org/10.3917/jdsam.213..0049

Pour approfondir: https://sosviolenceconjugale.ca/fr/articles/comme-une-cage-de-verre-emprise-et-controle-coercitif-en-violence-conjugale

Les chiffres 

(issus des statistiques gouvernementales)

En 2021

 

122 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire. 23 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire. 14 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.

82 % des morts au sein du couple sont des femmes. Parmi les femmes tuées par leur conjoint, 35 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon. Par ailleurs, parmi les 22 femmes ayant tué leur partenaire, la moitié, soit 11 d’entre elles, avaient déjà été victimes de violences de la part de leur partenaire.

 

En 2019

 

En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000 femmes. L’auteur de ces violences est le mari, le concubin, le pacsé, le petit-ami, ancien ou actuel, cohabitant ou non.

7 femmes victimes sur 10 déclarent avoir subi des faits répétés. 8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales. Parmi ces femmes victimes, 18% déclarent avoir déposé une plainte en gendarmerie ou en commissariat de police suite à ces violences.

 

Concernant les violences sexuelles :

En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol est estimé à 94 000 femmes. De la même manière que pour les chiffres des violences au sein du couple présentés ci-dessus, il s’agit d’une estimation minimale.

Dans 91% des cas, ces agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 47 % des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits.

Suite aux viols ou tentatives de viol qu’elles ont subi, seules 12 % des victimes ont porté plainte (qu’elles aient ensuite maintenu ou retiré cette plainte).